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Vie=Zone à Défendre

Appel à contributions pour publications sur le site.

Textes, photographies, tableaux, compositions, sculptures... à envoyer avant le 30 janvier 2019 à

lesvillesenvoix@gmail.com

Au bord de la plage de Barcelone, tous les matins, des artistes migrants viennent construire des châteaux de sable surprenants. Dans la nuit, ils seront saccagés par des jeunes désoeuvrés, la police ou des jaloux, étourdis par tant de beauté. Leur violence est telle qu'il serait risqué de passer la nuit près des sculptures de sable. Cela reviendrait presque à risquer sa vie, et se voir dérober les quelques pièces offertes par les touristes. Alors patiemment, au fil de la journée, ils reprennent lentement les heures de construction... pour le plus grand bonheur des passants. Exposition en plein air.

« Vie = Zone à Défendre »

Poèmes d'E. J.

« Migration »

 

Elles errent sur une étendue

Qu’elles ne connaissent pas

Criant

A celui qui ne comprend pas

Appelées par celle qui leur rendra la vie

Plus loin

Chez elles

Là – où on ne voit plus.

« Horizon cyclique »

Striures de l’habitude

C’est une houle cosmique ;

Ardeur de la paume qui refuse

L’éloignement de la poudre d’or

De l’étendue rebattue

L’assujettissement tentant

De la vie ailleurs.

 

Toile et poème de Youssef Lamghari

 

"Épitaphe"

 

Au bout de tes cils la lune a fait jaillir 

Un sentier large comme mes bras comme mes nuits d'enfance

La senteur des mottes d'haleine des hirondelles me soûle

Je forge un autre ciel plus haut plus en couleurs 

Pour lécher les étoiles pour oublier les détours 

Et sur ta poitrine je sculpte le nid  tiède d'un rossignol.  

La soif de mes derniers parcours  vaines hyperboles  

Tu oublieras l'odeur perforée de désirs périmés 

Tu changeras de nom de rouge à lèvre d'oreillers de moi

Tu implanteras sur tes joues le jasmin la magie du printemps  

Le miel des baisers brûlés entre le coucher et la houille 

Entre la belle folie confiée aux cheminées et l'ivresse 

Tu ordonneras à la brise matinale d'itérer mes soupçons. 

De fragmenter mes fantasmes virils en lettre épitaphe  

Ma turbulence infantile perdue en collier d'émeraudes 

Mon voyage irréversible déracinant les arbres l'eau et la lumière

Ma chemise déchirée logera les plumes des oiseaux terrifiés

Les grandes nostalgies des parcours oubliés saccagés

Le ronronnement de mon coeur sur les pistes brumeuses de jadis...

ECHAPPEES ou Comment réussir ses échecs dans la ville écrasante ? Rechercher le souffle de la forêt et son tapis de camouflage... Court-métrage poétique réalisé au lycée Voillaume d'Aulnay-sous-bois en 2014. Textes de Annie Van de Vyver (Veilleuse Fragile), Bernard Lherbier (Quatrains vulgaires), Eric Pessan (N), Sylvain Tesson (Dans les forêts de Sibérie)... Avec Archinenissa, Habib, Melodina, Camille, Menelick, Socrate, Jean-Claude, Jordan, Paula, Larbi, Laeticia, Jean-Marie... Voix off Jamal Maraou. Musique "Wind" de Ibrahim Maalouf. Ce film est aujourd'hui pour nous un hommage ému à la poétesse Annie van de Vyver et à son recueil VEILLEUSE FRAGILE.

Le film peut être visionné sur notre chaîne you tube Les Villes en Voix.

Photographie et textes du recueil

d'Annie Van de Vyver Veilleuse fragile

 

"Impair"

Ne trouvant pas sa part

Alors qu'il partait pour

Quand il cherchait un père,

Il s'en remit au pire

En rencontrant l'impur

Suant de tous ses pores,

Et c'est là qu'il prit peur.

Il regagna son port,

Et retrouva ses pairs.

"Printemps"

Les arbres sont encore

en leur tenue d'hiver,

Mais l'aubépine éclot

sous les baisers du jour.

Cette neige fruitière

fait s'égarer tes pas.

Le bruit de la rivière

sur la terre endormie,

Les perles de rosée

sur la fleur engourdie,

Le parfum du silence

sur la couleur de l'eau,

Le sanglot de l'oiseau, 

Ces bouffées de confiance,

De langueurs attendries,

Raniment l'horizon

qui respire tranquille.

Jean-Christophe Bailly, Le versant animal

Editions Bayard, 2007

"Ce dont je voudrais parler, ce n'est pas d'une transgression, dans un sens ou dans l'autre (ce qui, de l'homme vers l'animal ou de l'animal vers l'homme, franchirait l'abîme), mais d'un côtoiement, de ce côtoiement toujours singulier et toujours fait de touches qui est, entre eux et nous, le monde régulier du lien - justement quelque chose d'à peine lié, de toujours survenant. [...]

Le côtoiement de l'homme et des animaux sauvages, c'est avant tout ce système complexe d'évitements et de tensions dans l'espace, une immense pelote de réseaux inquiets qui se dissimulent et où il nous est parfois donné de tirer un fil."

"Correspondances"

 

La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L'homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l'observent avec des regards familiers.

Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.

Il est des parfums frais comme des chairs d'enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies, 
- Et d'autres, corrompus, riches et triomphants,

Ayant l'expansion des choses infinies,
Comme l'ambre, le musc, le benjoin et l'encens,
Qui chantent les transports de l'esprit et des sens.

Baudelaire, Les Fleurs du Mal,

poème IV de "Spleen et Idéal".

Photo-montage : Frédéric Quélin

Texte-pulsion de Fazia Raja

"Cheval en soi"

Ne coche pas les angles du visage

ne cherche aucun arrondi

tu peux dire Non qui étouffe

si tu le sens c'est cela qui est à dire

car l'anormal, le défigurant, il sait

quand il y a coup de couteau

Ne retiens pas la petite idée qui glisse dans l'ombre et qui fait mal

Si tu as mal : ce n'est pas un hasard

Ceux qui font mal, placarde-les en affiche sur tous les murs du monde

Rabats la fange qui te bâillonne

Et regarde en l'air

Abats le feu qui t'épsilone refuse un mot narquois monarque abysse des fausses coulisses refuse en toi la marge en larmes Rabats la rage hirsute et fauve

Ne désemplis pas de fougue

Tu as le droit d'être et de te coller au monde

Exactement comme tu marches et comme tu le sens.

Toile de Paul Gauguin : "Matamoe ou le Paysage aux paons."

Poème de Ghérasim Luca, Héros-Limite

Dans une des régions

les plus raréfiées de l'esprit

où je campais au pied de la lettre

à une altitude de nul pied

plane un petit nombre d'idées très particulières

qu'il eût été dommage de ne pas saisir

au vol de mes distractions

Je faillis ne pas les apercevoir

tant elles étaient creuses au milieu

d'oublis     et de vertiges sans nom

L'une d'entre elles

attira notamment mon attention

non pas pour la beauté de sa démarche

d'une indistinction certaine

mais à cause de ses yeux

longs et minces

que j'ai pris pour des antennes

de sauterelle

Je me penchais, alors, et reconnus

une de ces idées à capuchon vert

qui prennent les hommes au dépourvu

Elles ne sont pas

égarantes, au contraire

mais le traitement qu'elles font subir

aux penseurs est si étrange

qu'il faut décrire en détail

le dispositif  destiné à les captiver

...

Dessin : JOSEF PINTURE

Texte : A deux heures du matin, de Falk Richter,

éditions de L'Arche, 2014.

Lisa. A deux heures du matin tout est soudain très silencieux.

Max. A deux heures du matin je suis debout immobile à la fenêtre et regarde à l'extérieur.

Timo. A deux heures du matin, je pense soudain : tu as tout raté, tu as tout raté.

Lisa. Tu as le mauvais boulot, les mauvais amis, tu lis les mauvais livres, écoutes la mauvaise musique, tu te nourris mal, portes les mauvaises fringues et tu NE SAIS PAS CE QUE TU VEUX.

Max. ALLEZ,CHANGE DE VIE.

Timo. OUI, ALLEZ, CHANGE DE VIE, A PARTIR DE DEMAIN, TU FERAS TOUT DIFFEREMMENT.

Lisa. Apprends enfin à CONSOMMER de façon plus CONSCIENTE et A BIEN REPARTIR TON TEMPS.

Constanze. A deux heures du matin le téléviseur me jette un regard tellement bizarre.

Il veut clarifier notre relation une fois pour toutes.

Il dit que je passe trop peu de temps avec lui. Il dit que je ne le remarque pas, que je ne fais pas vraiment attention à lui, que je ne lui laisse pas occuper l'espace de ma vie dont il est digne.

Le téléviseur veut de l'AFFECTION, veut de l'AMOUR, je l'ai délaissé, JE NE SAIS RIEN de ce qui se passe actuellement dans le monde.

Ces dernières semaines j'étais si OCCUPEE que le monde, là à l'extérieur, a arrêté d'exister.

Pas d'informations, pas d'images,

et là, mon MacBook Air ouvre soudain toutes ces fenêtres et ces portails et me montre des contenus toujours nouveaux, me guide de lien en lien et j'erre d'un site d'informations à l'autre, et je me bouffe toutes ces images et je n'arrive plus à arrêter.

JE NE COMPRENDS PLUS RIEN, RIEN. QU'EST-CE QUI SE PASSE ?

...

Toile de Thérèse CIGNA.

A LA PLAGE

 

 

Sable, mer, soleil, ciel bleu, vacances ;

Ton enfant avec sa pelle creuse,

Ton enfant s’amuse, rit aux éclats,

Tu le regardes, tu souris.

 

Lui,

Comme ton enfant, avec sa pelle creuse,

Sous terre, dans les mines de cobalt,

Jour et nuit, il creuse,

Comment il s’appelle ?

Parfois payé, si peu,

S’il trouve du minerai,

Il a de l’asthme, sais-tu ce qu’est l’asthme ?

 

Quand ton enfant enrhumé, a du mal à respirer,

Tu te fais du souci, tu prends soin de lui.

 

Lui,

Passe sa vie, courte il est vrai, asphyxié,

Dans les métaux toxiques, plongé ;

Dans une heure, l’ignore t-il ?

S’effondrera le tunnel de terre.

 

Dans ton téléphone, du cobalt.

Sur l’écran, la photo de ton enfant ;

Invisible, un autre enfant,

Comment il s’appelle ?

   Ton enfant, la plage, tu souris…

Texte de Béatrice Vergnaud.

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Toile et texte de Thierry Le Floch

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