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Art extrême

en terre nourricière

Appel à contributions pour la revue numérique Les Villes en Voix

jusqu'au 29 février 2020

sur le thème "Art extrême en terre nourricière"

Odes à la nature, au travail de la terre, aux plats que vous aimez, pour un lyrisme agricole et gourmet, et pourquoi pas des recettes, photographies, peintures, saveurs tendres en chansons...

Propositions à envoyer à lesvillesenvoix@gmail.com

Photographie prise sur le chemin de pierres qui mène à 600 m d'altitude à la citadelle d'Entrevaux.

"Fichés dans l'arc de la terre

ne relevons le front que pour nous pétrir

de boue, d'acide, d'ardeur

pour tout oublier qui poursuit, ombrage et foudroie

nous tordons raclons cette terre - et nous aimons

le masque d'eau qui soulève le rire

le masque de roche qui soulève la tendresse

le masque d'herbes qui soulève les nuits

Soyons libres d'ancrer dans le sol

le voeu de non mourir et d'aimer

Alors les mains aimantes et rocailles cueilleront

un à un tes fruits tes plantes tes épices" 

Petite note, Françoise Breton

Photographie de Serge TEXEIRA.

Texte de Béatrice VERGNAUD.   

L’ACCENT

     

- Tu as un accent, chante à l’oiseau girondin le migrateur venu de Russie.

- J’ai l’accent médocain et même, si tu veux savoir, je gasconne autant qu’un mousquetaire : ma voix porte si loin qu’on m’a d’emblée, désigné soliste ; toi aussi, tu as un fort accent, tu roules les r, ton accent chante dans les cœurs !

- Oui, je chante dans les chœurs.

- Ah ? dit le médocain intéressé, sois le bienvenu, tu es des nostres, levons notre ver aux choristes ! Nous connaissons la Sibérie par les récits de Pouillot qui s’envole là-bas chaque année. Tiens… Et qui va là, qui es-tu?

- Je suis le rossignol du Japon.

- Et bien toi, tu ne roules pas les r, tu chantes pointu comme un parigo, pas comme notre amie Sterne de Bordeaux, grande voyageuse d’un pôle à l’autre et qui a un bel accent, quoiqu’en disent nos camarades des bords de Loire…Atchoum ! La température baisse, pas bon pour la gorge, finissons de ranger et partons vers le Midi mais cette année, évitons la nationale sept ! Dans le sud, ils ont aussi un fort accent, l’accent qui chante tchif, tchif, tchif, un accent qui sent les orangers. Plus tard nous retrouverons les embruns, l’iode, la vue sur Cordouan, les senteurs de l’Atlantique et la belle Garonne bleue.

Photographie : Serge TEXEIRA.

Texte de Gaëlle GODART : "Amour de la terre, Amour du travail des hommes, Amour du pain"

 

Amoureuse de la nature et fille de la campagne, je cultive depuis l’enfance une grande admiration et passion pour le travail de la terre, du blé au pain quotidien.

Comment vous transmettre cet amour qui grandit en moi chaque jour, par ces quelques mots qui transpirent sous ma plume.

 

Qu’il est bon d’admirer du semis à la pousse verte qui sort de terre. L’été, lors de balades en vélos ou à pied, découvrir à travers champs, le travail continu de juillet à août, voir ses blés dorés par le soleil, les voir se balancer au grè du vent.

Ce blé doré qui après la moisson, devra être trié pour en séparer les graines. Il poursuivra alors sa route jusqu’au moulin pour être moulu puis tamisé afin d’obtenir une farine douce et blanche qui sera présente dans nos cuisines pour la confection de sauces, de pâtisseries, et pains.

Souvenez- vous de ce pain d’antan, de son parfum, de sa croûte dorée qui croustille en bouche. Ce pain encore tout chaud juste sorti du four du boulanger. Sa mie fondante que l’on respire, il nourrit déjà le coeur de bonheur.

Ce pain si bon, si nourrissant ne serait pas ce qu’il est sans son ingrédient magique et naturel que le levain, où le simple fait de mélanger l’eau à la farine, et de le laisser reposer une journée, de l’ajouter à la pâte un peu salée, qui  aidera le pain à gonfler de manière naturelle et aérée.

Il a fallu la terre, il a fallu des hommes pour façonner le pain en boules, en baguettes, en pains allongés et l’enfourner. Admirer à travers la porte du four, l’évolution du pain, le voir se lever, se dorer. Ce travail des hommes, cet amour de la terre qui s’étend tout au long de la vie, qui pourrait croire que ces petits brins verts se transformeraient en épis et nourriraient une population entière, une église par le sens sacré de la fraction du pain.

Comment vous partager ces doux souvenirs qui chatouillent les narines, cette odeur inoubliable que tous les sens sont en éveil rien qu’en y pensant comme une  empreinte, un goût que l’on ne retrouve pas ailleurs, c’est une bénédiction pour les papilles à en connaître l’extase à chaque bouchées.  Cet aliment universel et sain, apprécié du petit à la personne âgée, sur la table à chaque repas. Ce pain que l’on casse en quignon, que l’on partage, repas du plus pauvre au plus riche, ce pain que l’on savoure aux multiples saveurs. Pains bûcherons, pains blancs, pains aux céréales, pains au thym et olives vertes, pains garnis, pains sucrés, pains ronds, c’est un plaisir pour les yeux d’y goûter. c’est mon péché mignon de croquer dans le croûton.

Photographies suivantes, "les champs, les tracteurs et le pain" de Gaëlle Godart.

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pour dire le monde

Photographies

de SERGE TEXEIRA

Oeuvres picturales (peinture) de Ema COURTOIS.

Texte de Gaëlle GODART.

Le silence de notre amour, une force impénétrable…
Lorsque j’étais enfant, puis adolescente, puis jeune épouse et mère ma grand-mère me disait toujours « La parole est d’argent et le silence est d’or ». Elle me disait apprend les vertus du silence surtout en amour. Se taire n’est pas ne rien dire, mais choisir le silence...Garde tes jardins secrets, pour ne pas étouffer, n’essouffle pas ton couple à coup de paroles, de questions, laisse place au silence, à la liberté d’être. Il n’y a que les enfants qui doivent être transparents à leurs parents, mais en amour c’est tout autre, cultive un jardin secret, rêve à la magie de l’amour, à sa candeur, aux bras qui t’entourent, au baiser dans le cou , sa douceur, ferme les yeux et ressent les choses en silence. N’alourdit pas ta relation de comptes-rendus pesants et dangereux. O ma douce petite, accepte dans l’amour les parts d’ombres et de lumières, le silence pour te respecter toi et de respecter l’autre. Tu apprendras petite que le désir est un langage magique, tu décoderas les regards, les mimiques des lèvres, les souffles et les soupirs. Tu sais la composition de l’amour, c’est comme une musique, une symphonie, qui passe au-delà des mots. C’est dans le corps à corps, les jeux de l’amour, les silences, les caresses des regards, les caresses des mains qui t’effleurent , écoute les en fermant les yeux, essaie de comprendre ce qu’elles veulent te dire.

Et le plus beau de l’amour, c’est de l’âme à l’âme, ce que tu ressens au fond de toi, ce langage imperceptible , ce quelque chose que tu ne mesures pas, cet amour qui vient comme ça, qui s’invite sans crier gare, qui te connaît, te respire, te transcende. Puis tout à la fin vient le verbe. Il te faut entendre cet imperceptible pour aimer vraiment.

Ô grand-mère, aujourd’hui je peux te dire que j’ai vécu cet amour qui bouscule, qu’il y a tant de présence dans le silence de son amour, j’aime ressentir sa voix, son souffle quand il ne dit mot, j’aime ce murmure qu’il me dit : merci d’être toi et de ta bienveillance, ce prend soin de toi et je te veux heureuse
J’aime lire son regard et toutes les émotions qui le submergent. Il y a tant d’amour dans le silence, écouter l’âme, son authenticité d’être en vérité. Son chemin intérieur qui me conduit à moi, à mes failles, à mes émotions, à mon authenticité d’être, comme une union, un lien que rien ne peut briser. c’est un amour agape, un amour divin qui nous libère de nos prisons intérieures.
Il est mon soleil et mon refuge, il est ce bleu dans le ciel, et les couleurs de l’arc-en-ciel à la fois, il est musique, et poésie.
Il y a des choses que le silence permet et offre à l’amour que les paroles ne pourront jamais en montrer la beauté. c’est une lecture de présence invisible.

Gaëlle Godart, paroles sur des toiles d'Ema Courtois (posant devant l'une de ses oeuvres).

Oeuvres picturales

et Haïkus de Thérèse CIGNA

 

 

 

Senteur d'épice

Nos vins ont de la cuisse

Jouent avec nos palais.

Parfum de safran

Pyramide exquise

Grain de semoule.

Éclats de rire

Évanescence d'alcool

Briser nos verres.

 

 

Confits d'agrumes

Thé vert et menthe poivrée

Titillent nos sens.

Textes et toiles de Thérèse CIGNA.

Toile d'Ema COURTOIS.

Texte de LOUBIA.

C’est l’heure où l’aube émerge de la nuit. L’heure bleue entre ténèbres et clarté.

Seulement, ce jour là, elle semblait prendre tout son temps comme hésitante à laisser la place.

Pourquoi les humains ne savouraient-ils pas cet instant fugace, où les formes se devinent, se dévoilent comme une femme pudique ?

Toujours pressés ou endormis, jamais présents, jamais immobiles à quelques exceptions près…

Cet instant là, l’aube était nonchalante, alanguie ou bien espiègle ?

Un caprice d’Aube, un chant muet, une supplique à ces humains, ces étranges bipèdes, le regard devenu vitreux de trop de pixels, leur cerveau battant au rythme des notifs de leur smartphone.

C’est alors que le jour s’impatienta. De quel droit cette Aube capricieuse voulait-elle boulverser une organisation qui réglait la marche du monde depuis sa création ?

Pour des humains irresponsables, non reconnaissants, ignorants de ce que la nature leur offrait ? 

Ou bien son ego enflait  au point de se vouloir être l’horloge des matins au risque de provoquer une réaction en chaîne menant au chaos ?

Le jour alla donc, tout en douceur, expliquer à l’heure bleue que son désir ne rendrait en rien les humains meilleurs ni plus sages, que l’on peut obliger quiconque contre son gré et que la conscience ne doit venir que de la raison.  Que le beau se révèle et ne s’impose. 

Qu’il n’était pas du pouvoir du temps de réveiller ces consciences endormies.

L’Aube, alors toute penaude, replia ses longues ombres grises. Elle annoncerait encore le jour dans des millions d’années et encore des millions d’années, alors que ces éphémères humains se seront dissous à jamais dans l’espace quantique du temps.

Toile de Linda BACHAMMAR

Texte de Fazia RAJA

Or l'infini d'amour arriva sans

prévenir

étendu dans l'arbre

enchevêtré de ciel

pour vivre il suffisait en fait

de redresser la tête

et de regarder

ce qui faisait chaud bien chaud bien

les grands exilés faisaient ainsi

toute la journée

les yeux pendus aux branches

et chaud bien marchant sans cesse

Photographie : Serge TEXEIRA.

Texte de Gaëlle GODART.

Rencontre avec l’esprit de lumière

soleil de la terre, soleil de nos vies

représenté sous la forme d’une gourmandise sucrée ou salée

La crêpe….

 

Je vais vous conter l’histoire de ce doux soleil qui apportait tant de bonheur aux coeurs des paysans en cette période hivernale. Depuis quelque temps, enfermés chez eux, au coin du feu, ils patientaient, et rêvaient aux futures semailles.

Le moment tant attendu arrivait enfin, les premiers jours de février avec sa douce lumière. Ils allaient enfin pouvoir purifier leurs terres. Ils l’aimaient leurs terres à l’époque, en prenaient soin, elle était le berceau de la vie. Leur vie en dépendait même.

Flambeaux à la main, tous réunis en procession, le coeur en fête se dirigeaient vers leurs champs. Qu’allaient ils faire ? Les feux dansent dans la nuit, les chants montent comme des prières, les paysans vont et viennent, agitant leurs flambeaux à ras du sol pour purifier la terre. Grand cérémonial avant de réaliser les premières semailles du printemps.

Leur terre, un champ fertile, un peu comme leur femme. Ils la bichonnaient pour qu’elles soient la mère de beaux fruits.

A cette occasion, pour remercier le ciel de cette lumière du monde entre le solstice d’hiver et l’équinoxe du printemps. Seigneur lumière du monde, veille sur notre terre, sur nos maisons, sur nos familles, sur nos femmes, sur nos mères, sur nos enfants, sur nos voisins.

Avec de la farine de blé de leurs propres récoltes, des œufs de leurs poules, le lait de leurs vaches, le beurre qu’ils avaient soigneusement réalisé à la louche, ils préparaient des marmites d’une onctueuse pâte crémeuse. Ils en prenaient une louche , qu’ils mettaient dans une poêle. Le soleil doré représenté sous forme de crêpes. Ils appréciaient d’autant plus de la déguster après ce cérémonial. Souvent, ils gardaient la première, et au centre, ils y glissaient la plus grosse pièce d’argent, qu’ils possédaient. Ils la pliaient soigneusement comme un mouchoir et la plaçaient au- dessus de l’armoire. Ces gestes, ils les transmirent à leurs enfants, qu’ils retransmirent eux – aussi et perdurent dans les temps.

Seigneur lumière du monde, soleil de notre repas, le bénédicité nous te confions notre terre, nos semailles futures,  notre fortune, notre repas. Protège notre blé de la moisissure et toutes autres intempéries qui pourraient s’abattre sur elle.

 

Quelle fête merveilleuse, au symbole de la fertilité, de la terre à l’homme, aux animaux, aux oiseaux, ce soleil qui donne la force à la période des amours, aux émois, aux parfums des corps qui se cherchent. Notre mère la terre, connaît chacun de ses enfants provenant de sa racine, de son coeur, elle les revêt de parfums que s’ils y prêtent attention peuvent trouver leur âme – sœur. Elle nourrit la terre de son eau, de son soleil, les oiseaux lui font confiance et se vouent entièrement à elle.

 

En goûtant au doux parfum du soleil, ce n’est pas un péché de gourmandise, mais c’est plus intime, c’est le plus beau langage amoureux que l’on puisse avoir, c’est goûter à la présence de Dieu. Éclaire ma vie, comme tu as éclairé Syméon, au berceau de lumière, transmettre l’inouï, le possible de l’impossible, l’évidence même, l’imperceptible, l’Amour, le cœur engagé, l’Amour Agape.

 

Voici le chant des paysans : le feu de nos flambeaux purifiera la terre, et nos chants de veillée en prière invoqueront une protection de nos terres, nos blés seront beaux, notre récolte bénie donnera le pain de vie.

 

Le champ fertile berceau de la vie au ventre  de la femme Temple de vie un même soleil une même terre, une même mère, les mêmes racines conduit d’un seul et unique amour.

Photographie et texte de Gaëlle GODART

 

Je vous invite en voyage aux divers parfums de soleil. C’est l’histoire d’une fille attachée par un lien, un fil, un cordon à l’Algérie, la Kabylie. Elle ne sait pourquoi, mais elle le porte en elle… peut être le découvrira – t – elle un jour… Est ce parce qu’ elle a été bercée par ce nom de village Tataouine du Maroc… est ce par la rencontre d’un membre de sa famille, est ce par l’amour qu’elle porte à sa sœur de coeur , à la musique de ce pays, le raï et la poésie… En tout cas toute cette lumière l’éblouit et l’emmène de découverte en découverte avec la terre nourricière d’Afrique du Nord. Elle s’évade aussi par le savoir- faire  culinaire, transmis de mère en fille depuis des générations. Une richesse qui se donne par la culture du bon, les conserveries, les pâtisseries, l’art de la fête et de la table. Cuisiner est une fête, Cuisiner est amour. Les yeux brillent , les narines s’emplissent des parfums d’herbes et épices. Du couscous aux boulettes de semoule en sauce, aux galettes de blé, aux bouillons de légumes… rien que d’y penser elle en a l’eau à la bouche, et imagine les plats devant elles, les couleurs, les saveurs, elle en ressent même le goût en bouche.

On dit que le couscous est un aliment miraculeux capable de guérir et de remettre en forme, on dit aussi que ce gâteau d’oeuf et semoule un peu comme une grosse omelette est donné aux mamans à la suite de l’accouchement pour qu’elle retrouve des forces.

Imaginez la pâte d’ail, et de coriandre mélangée au beurre… un plat de fête, une invitation à reconnaître les saveurs d’antan, les marinades de viandes et légumes. La préparation du repas se passe en chantant, on secoue la semoule plusieurs fois en rythme comme une danse, les grains se soulèvent du plat, un peu comme une incantation, une prière. Des plats aux desserts l’attachement aux racines, à ce pays, se résume par ses recettes traditionnelles, en fermant les yeux et en dégustant, les msemen galette de pâte feuilletée au caramel dont je vous livre la recette : cela ressemble beaucoup à nos crêpes françaises.

Tableau de MAÏPO

Texte de Fazia RAJA

Voilà, tu m'as débranchée

qu'est-ce que ça pouvait te foutre

la vie d'une vieille dame

poussée arriérée dans une maladie finale

que tu as débranchée très vite

même pas une mère même pas de fille qui pouvait payer l'hôpital

alors très vite 

parce qu'à partir d'un certain âge on ne vaut plus rien

tu as débranché la vieille dame qui n'avait plus l'avidité nécessaire

pour appeler tous ses proches et les supplier de payer

Alors d'un coup débranchée

dépeuplée défleurie désagrégée

je suis partie

et tu sais pas

ce qui s'est passé

par la suite

in the dark

dans le dark fleuri 

de l'arrière-vie où on fume en silence les doigts

de son dernier amant

de l'autre côté du grand vol

tu ne sais pas

ce ne fut plus du tout pathétique

et tous les soleils du grand ciel sont venus 

comme des enfants qui courent dans la Médina 

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