FLUVIALES - Nouvel appel à création

Nous n’avons pas toujours été dans la peur des fleuves. Ces soirs-là, nous étions seuls contre l’eau qui passe à travers jambes et ne charrie que des angoisses, comme autant d’aiguilles dans la tête. On se penche de tout son pesoir, et voilà les bruits de la ville qui s’étouffent, se diffusent dans l’air, gouttelettes de moteurs, odeurs rances, souffre des ravines. Les raffineries mal étanches sont plantées là. Et les usines en voie de fermeture. Alors le fleuve porte sa masse de silence et l’arpente en esprit, sa fermentation de passage. Toute la nuit à marcher le long de son silence. On traverse le bas des remparts, on suit sa course en murmure, et lui calmement, rythmant nos pas, fabrique des ponts qui bêlent et dorment dans tes jambes. Elle est juste là, la douce ruralité d’Apollinaire qui te souffle dans le cou. Un fleuve, c’est la plaine surgie en bas des villes. Il fait soudain frais dans Vivaldi, parce que tu as le casque sur les oreilles. Une symphonie, le Mahler, le Debussy. Avec, tu as la force de marcher le long des péniches, ces mères de bois qui gardent des feux de cheminée. Avec, tu t’assieds en pensée dans leurs énormes ventres. Avec, plus rien ne t’atteindra. Il suffira de marcher jusque dans les banlieues, ces quartiers repoussés dans les presque campagnes, à peine arpentées elles penchent dans la lune. Avec, tu grandiras dans la musique. Ses folles enjambées de lumière. Et au petit matin, cette rencontre peut-être. Avec, l’aube à jeun, ta fatigue, les vêtements dépouillés sur le bord. On pourra rentrer dans cette large tiédeur de fleuve, et fermer les yeux dans le clapotis des grenouilles, le corps débonnaire, avec, la joie flottante en bandoulière.

Nous attendons avec grande joie vos textes, dessins, croquis, lentes rives escarpées, douleurs lumières, et ses petits dépôts de musique… (dans la limite de 320 mots).

Jusqu'au 14 décembre 2024.

Adresse de réception des oeuvres : lesvillesenvoix@gmail.com